La France amnésique?

Publié le par Yves Du Buit

Racines chrétiennes, Austerlitz, colonisation: l'actualité récente a mis en lumière plusieurs épisodes de notre histoire que la République semble avoir quelques difficultés à intégrer. Entre histoire officielle et refus de l'histoire, certains adoptent des attitudes assez ambiguës.

Quand le Président de la République, en dépit de toute évidence, refuse que soit inscrit, dans le préambule de la Constitution Européenne, que l'Europe a des "racines chrétiennes", quand le même, après avoir autorisé le "Charles de Gaulle" à participer aux commémorations de Trafalgar s'oppose à ce que la victoire d'Austerlitz soit célébrée, quand des députés ne trouvent rien de plus malin que d'inscrire dans le marbre de la loi une "histoire officielle" de notre pays, on comprend le désarroi de la nation.

Comment en effet, demander à des jeunes, pour certains issus de l'immigration, de s'intégrer à la "communauté nationale" si celui qui préside aux destinées de la nation n'est pas lui même capable d'assumer cette histoire?

L'Histoire de France, comme toute histoire, comporte ses heures glorieuses, et ses pages plus ternes. Napoléon, qu'on le veuille ou non est une des grandes figures de l'histoire de France. Il n'est certes pas sans défauts, mais nul ne peut nier tout ce qu'on lui doit sur le plan administratif, judiciaire, militaire... La victoire d'Austerlitz est un des points culminants de ce génie. La célébrer n'aurait pas été un signe d'arrogance ou de nationalisme. Simplement la reconnaissance d'une grande page de l'histoire.

La colonisation est un sujet éminemment délicat. Elle ne peut être valablement jugée avec les critères d'aujourd'hui. A la fin du XIXème siècle, l'ensemble des responsables français, quelles que soient leurs opinions, voyaient positivement une colonisation qui permettaient d'apporter la « civilisation » aux peuplades « sauvages ». On voit aujourd'hui que l'Afrique est en panne. La faute à la colonisation? A la décolonisation? On ne refera pas l'histoire, et nul ne peut dire si, sans la colonisation, la situation y serait meilleure ou pire.

Il est donc idiot de vouloir qualifier l'histoire, que ce soit de « positive » ou de « négative ». Il faut l'assumer, car la nier nourrit les frustrations et le nationalisme revanchard, et l'ignorer ne suffit pas à éviter de reproduire les erreurs du passé. Mais surtout, plus que d'ergoter sur le passé, il faut préparer l'avenir et, en s'appuyant sur un héritage historique reconnu, essayer de bâtir un monde meilleur. Vaste programme...

Publié dans Politique française

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