9 mai, fête d'une Europe malade

Publié le par Yves Du Buit

UE-2.jpgLe 9 mai, c'est la fête de l'Europe. Mais cette année, on n'a pas forcément le cœur à la fête: l'Europe est malade. Alors que jusqu'à présent ce sont les conflits à ses frontières où entre ses propres membres qui semblaient pouvoir la déstabiliser, c'est depuis quelques semaines, la spéculation internationale qui la met à l'épreuve.

 

La rumeur  annonce qu'une agence de notation pourrait baisser sa note sur la dette de tel ou tel état européen, et c'est la planète de la finance qui se grippe, et les économies européennes, qui au moment du rebond de l'économie mondiale, risquent de replonger dans la récession.


Le rapport de cause à effet semble disproportionné et montre à quel point la société de l'information a donné une place déraisonnable aux oracles de t out poil et autres oiseaux de mauvais augures.


On ne peut pas nier la gravité de la situation: les déficits publics, que les critères de Maastricht auraient du encadrer, ont explosé avec la crise. Et certains états ont triché en maquillant des chiffres peu flatteurs.


Mais les dettes publiques, en Europe comme aux États-Unis ou au Japon, ne sont pas nouvelles. Si on en abuse, elles plombent les budgets des états concernés. Et cette situation peut conduire à la dévaluation de la monnaie d'un état sur-endetté. Mais quoi qu'il en soit, l'état en question ne se résume pas à son bilan comptable, et il survit à ces difficultés financières. On ne place pas un état en liquidation judiciaire... On ne peut donc pas raisonner avec la dette souveraine d'un état comme avec la dette d'une entreprise qui, à cours de financement, peut disparaître quasiment du jour au lendemain.


Dans le cas de la Grèce, le surendettement est patent, et les difficultés pour honorer le remboursement de la dette sont réelles. L'hypothèse d'une dévaluation n'est pas envisageable, puisque l'Euro est une monnaie partagée, au  sein de laquelle le poids de la Grèce n'est pas prépondérant.


La question posée par ces attaques était donc de savoir comment l'Europe, ou plus précisément les pays de l'Eurogroupe, allaient réagir. La réponse a tardé à venir, ce qui a alimenté la spéculation et affaibli les économies européennes.

 

Mais il est clair maintenant que l'appartenance à la zone euro ne pourra plus se résumer à une stricte discipline budgétaire, même si celle-ci reste nécessaire. Elle devra également inclure des mécanismes de coordinations des politiques économiques et de solidarité entre états: lorsqu'un état de l'Eurogroupe est attaqué, c'est l'économe de toute la zone qui et menacée. Il faut donc une certaine homogénéité de la zone économique.


Sortir de cette crise en détricotant l'intégration européenne serait une erreur. Cela nous ramènerait en arrière, contribuerait à fragiliser les liens difficilement tissés entre les nations du vieux continent au cours des 60 dernières années et rouvrirait le cycle infernal des conflits intra-européens. A plus forte raison, renoncer à l'Euro pour tout ou partie de ses membres donnerait raison aux spéculateurs et aboutiraient à des monnaies faibles qui se feraient balayer par la première tempête fiancière.


Pour sortir renforcés de cette crise, nous avons au contraire besoin d'aller plus loin dans la construction européenne, de nous donner les moyens de disposer d'une politique économique commune afin d'être capables d'assurer la cohérence entre nos économies nationales.


L'Europe est malade. Ce sera probablement long et difficile, mais elle se remettra. Et si nos gouvernements le veulent, et lui en donnent les moyens, elle sortira plus forte de cette épreuve, ayant franchi une nouvelle étape de sa construction. C'est ce que l'on peut lui souhaiter de meilleur aujourd'hui.

Publié dans Europe

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