Il y a 20 ans, il y a un siècle...

Il y a vingt ans, j'avais treize ans, j'étais un enfant.
Il y a vingt ans, mon père venait de mourir. Le premier chapitre de ma vie, une enfance heureuse et insouciante, s'était brutalement refermé.
Il y a vingt ans, le mur de Berlin tombait. Des familles divisées se retrouvaient. Des millions d'Allemands, emprisonnés dans leur propre pays, goûtaient à la liberté. L'allégresse déferlait sur Berlin, et l'émotion étreignait le monde. Rostropovitch jouait devant un mur ouvert. Un peuple en marche avait eu raison d'un régime qui semblait immuable. Le bloc soviétique s'effondrait jour après jour. La liberté prenait le pas sur l'oppression et le monde attendait des lendemains meilleurs.
Il y a vingt ans, j'étais sûr de vivre un tournant de l'histoire, un moment unique et plein d'espoir que mon père aurait aimé voir.
Il y a vingt ans, je me disais que plus rien ne serait plus comme avant...
C'était il y a vingt ans... C'était au siècle dernier...
Et les années ont passé. La vie a continué avec ses bons et ses mauvais moments. Le monde a continué à tourner dans les crises et les soubressauts. Des désillusions ont succédé aux espoirs et des espoirs aux désillusions.
Le vingtième siècle est mort et avec lui l'illusion du grand soir. Les grandes idéologies qui l'ont marqué ont toutes échouées, souvent dans le sang et les larmes. Faire mieux au vingt-et-unième siècle, garder l'ambition de contribuer à un monde meilleur, sans sombrer dans l'individualisme et le scepticisme, voilà un défi passionnant pour les années à venir.